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Signe évident de la suprématie de la communication sur l’évaluation, lorsque le RSA vient remplacer le RMI vingt ans jour pour jour après sa création, peu de voix s’élèvent pour émettre des doutes sur le bienfondé de la réforme. Et même lorsque les difficultés s’accumulent, elles sont mises sur le compte de la crise et sur un déficit d’explication. Il faut dire que les promesses du RSA ont de quoi séduire : donner un nouvel élan à l’insertion. Avec comme autre perspective, celle de simplifier et d’accroître l’efficacité du dispositif. Pourtant, il semble bien qu’aujourd’hui l’engouement pour le RSA fasse place à la déception. Le plan pluriannuel contre la pauvreté, adopté en janvier dernier, fait de sa réforme une priorité. Christophe Sirugue, député de Saône-et-Loire, que nous avons rencontré quelques jours après la remise de son rapport au Premier ministre qui l’avait missionné pour faire des propositions en ce sens, conclut à la nécessité de mettre fin au RSA activité (voir p. 28). Et même si la réforme ne se fera pas avant 2015, comme l’a indiqué le cabinet de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée à la lutte contre l’exclusion, on peut d’ores et déjà affirmer que le RSA n’a pas d’avenir. Aussi, à l’heure du changement, il nous a semblé important de donner une véritable tribune aux rares voix discordantes qui, très tôt malgré le consensus ambiant d’alors, avaient osé exprimer leurs points de désaccord. Nous les avons réunis dans le cadre d’une table ronde informelle organisée en juin dernier. En aucun cas pour égrener les “on vous l’avait bien dit”, mais pour analyser les raisons de l’échec. Un décryptage sans faux-fuyants qui confirme bel et bien l’urgence de la réforme.