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Le temps passe, mais les interrogations persistent. Trente ans après le début de la décentralisation, il est encore fréquent que l’on oppose la décentralisation à la cohésion sociale, comme si le local et le social étaient structurellement antinomiques. On le vérifie à travers de nombreux signes, comme la multiplication d’articles de presse qui ne cessent de mettre en exergue les erreurs et malversations de quelques élus ou responsables locaux, sans prendre la précaution de valoriser parallèlement le travail discret et le plus souvent désintéressé de plus de 500 000 élus locaux… Il faut reconnaître aussi que les temps difficiles contribuent à renforcer
l’esprit jacobin dont la France a du mal à se défaire. Un sentiment irrationnel prévaut, selon lequel l’État serait le seul à même de favoriser la protection de toute la population en période de crise, alors que les élus locaux seraient plus enclins au clientélisme. Un état d’esprit entretenu par ailleurs par des a priori systématiques qui évoquent le risque majeur d’une aggravation des inégalités de traitement d’un département à l’autre.