Un sigle va bientôt disparaître, et avec lui une tranche de l’histoire de France. En effet, la suppression de l’Ena est acquise. Un événement qui n’a guère suscité d’approbation parmi les dirigeants. Et pourtant il s’agit d’une véritable redéfinition de la haute fonction publique, car le déroulement de carrière des hauts fonctionnaires est substantiellement revu. Alors qu’actuellement les premiers d’une promotion de l’Ena entraient systématiquement dans un grand corps (Conseil d’Etat, Inspection des finances, Cour des Comptes), il faudra à l’avenir faire ses preuves durant plusieurs années sur le terrain avant de pouvoir rejoindre l’Olympe. De plus, la mobilité entre les différentes administrations est érigée en principe de base pour briser les cloisonnements entre les services et les corps. A cet effet, l’Institut du service public, qui remplacera l’Ena, aura en charge la responsabilité de former dans un même tronc commun tous les élèves des treize écoles de service public existantes (magistrature, santé publique, finances publiques, armée, fonction publique territoriale…) qui continueront de fonctionner. C’est donc bien une grande réforme qui est engagée malgré la résistance des grands corps et l’indifférence de l’opinion publique.